Le grand Maître Chou Hong Bing 1917-2013
Portrait Chou Hong bing
Ma première rencontre avec le grand Maître Chou Hong Bing, date de novembre 1993, je faisais alors partie de l’équipe nationale d’Angleterre lors de la compétition internationale de Taiwan et je remercie mon mentor Jifu Huang, grâce à qui cette rencontre fut possible. L’image que j’en garde est celle de quelqu'un d’extrêmement décontracté et souriant.
Il me demanda de lui montrer ma forme et m’invita après quelques postures, à me rendre chez lui à Kaohsiung. Jifu Huang me fit part, à la suite de cette rencontre, de son étonnement à voir le maître me proposer un enseignement alors qu’il s’était retiré depuis deux ans. Je lui répondis «qu’il avait sûrement eu pitié de moi ».
Suite à une participation désastreuse de l’équipe britannique je partis donc vers le sud de Taiwan. Arrivé à Kaohsiung, Maitre Chou m’a réservé une chambre de sergent major à l’hôtel des officiers d’armée. En effet, il avait été officier dans l’armée de Chiang Kai Shek et eu certains privilèges. Je dois depuis dix ans avoir fait quelques progrès car à la visite en 2003, il m’a été accordé une suite de général!
Maître Chou Hong Bing venait m’enseigner tous les matins, de 7 heures à 9 heures , et l’ après-midi de 14 heures à 16 heures, partageant son temps entre les leçons qu’il me donnait et les visites qu’il rendait à sa femme, gravement malade, à l’hôpital de Kaohsiung.
Assez rapidement, les nouvelles circulant vite, le bruit se répandit que le maître donnait des enseignements à un européen, et quelques «interprètes» commencèrent à arriver des quatre coins de Taiwan et nous dûmes aller «pratiquer» dans une école en face de l’hôtel. C’est ainsi que je passais quelques-uns de mes plus joyeux moments de TAI CHI ; avec un maître généreux et ses élèves qui étaient très heureux que leur professeur soit disponible. J'ai vu aussi que maître Chou s'amusait également.
Les modifications apportées à ma forme par le maître m’ont, au fil des années, guidé dans une compréhension profonde du tai chi de Cheng Man Ching et ce processus continue encore aujourd’hui à me donner une véritable connaissance de l’ énergie interne, apprendre à l’utiliser, et peut-être plus important encore, apprendre à ne pas s’en servir !
J’appris que sa femme était décédée trois jours après mon départ de Taiwan, je réalisais alors à quel point il m’avait donné, au moment ou tant de choses se bousculaient autour de lui. Dans sa générosité, il n’avait mesuré ni ses connaissances, ni son temps.
Maître Chou Hong Bing
Forum CMC Italie 2006
San Shou avec
Maître Wang Chin Shih
Venant d’une tradition martiale beaucoup plus stricte qu’aujourd’hui, Maître Chou était parfois sévère avec moi. C'est seulement maintenant que je peux le remercier de m’avoir évité de quitter le bon chemin. Il est une expression française qui dit «vous ne pouvez pas faire une omelette sans casser des œufs» cela s'applique à moi et comment Maître Chou m'a appris. Je ne l’ai pourtant jamais entendu critiquer d’autres écoles ou d’autres professeurs. Il n’acceptait jamais d’être payé pour son enseignement, si ce n’est par un peu de son thé favori « Le Bouddha de Fer». Sa loyauté envers Cheng Man Ching semble aussi forte que ses racines. Et pour un homme de son âge, son énergie interne était aussi forte que son « Sung » était complet, la douceur et fermeté s’étant réunies en lui. Il était tout simplement un Grand Maître. En 2003, il lui a été décerné la plus honorifique décoration de Taiwan pour sa contribution à l’enseignement de la culture chinoise et ce fut un honneur pour moi de participer à la cérémonie et d’y représenter tous ses élèves étrangers.
Avec une grande générosité, il a porté le flambeau de notre tai chi "Cheng Man Ching" pendant plus de cinquante ans. Si je pouvais juste donner un quart de ce qu'il nous a donné, ce serait énorme.
William.
Maître Chou et William Nelson
Maître Chou et William
Maître Chou et William Nelson